théorie du patrimoine

Droit

2022

Nous expliquons ce qu'est la théorie du patrimoine en droit, en quoi la théorie classique diffère de la théorie moderne et de ses fondateurs.

Chaque théorie du patrimoine le définit de manière différente.

Qu'est-ce que la théorie du patrimoine ?

La théorie du patrimoine est, dans le domaine des sciences juridiques et de la droit, la discipline qui étudie ce que patrimoine, leurs types et quelles sont les relations patrimoniales. C'est elle qui est chargée de trouver un concept fonctionnel, une typologie utile et un ensemble d'outils qui permettent de penser règles qui régissent le patrimoine.

Fondamentalement, il existe deux théories différentes sur le patrimoine : la théorie classique ou la théorie de la personnalité patrimoniale, et la théorie moderne ou la théorie de l'affectation patrimoniale. Tous deux se distinguent avant tout par leur approche conceptuelle du patrimoine, c'est-à-dire leur manière de le concevoir et de le définir.

La théorie classique ou patrimoniale de la personnalité

Bien que le concept de patrimoine vienne de la Antiquité Romaine, associée aux biens et droits paternels qui se transmettaient à la descendance, la première théorie en la matière remonte au XIXe siècle, plus précisément aux travaux des juristes français Charles Aubry (1803-1883) et Charles Rau (1803-1877) à partir de 1873.

Pour eux, membres de l'école d'exégèse française, le patrimoine doit être compris comme un ensemble abstrait de biens, de droits, d'obligations et de charges, présents et futurs, appartenant à une même personne et dotés d'une « universalité juridique ».

Ces éléments restent attachés à la personne par leur propre volonté, ainsi chaque personne a son propre patrimoine, qui est "une émanation de sa personnalité" (d'où le second nom de cette théorie).Pour la même raison, le patrimoine est indivisible, unique et inaliénable du vivant de la personne, car aliéner le patrimoine reviendrait à aliéner sa personnalité.

Seul le décès de la personne peut légitimer la transmission du patrimoine à des tiers (ses descendants), puisqu'il s'agit en réalité de l'extinction du patrimoine du défunt et de la création, à nouveau, d'un patrimoine unique, indivisible et inaliénable pour l'héritier. .

Cette théorie classique (dite aussi subjective) a été critiquée pour sa difficile application à la vie réelle, notamment en ce qui concerne la distinction entre richesse et capacité à acquérir des biens futurs. Celle-ci impliquerait que toute personne possède nécessairement un patrimoine, puisqu'elle a la possibilité future d'acquérir lesdits biens ou ressources, compris comme un « gage tacite » par Aubry et Rau.

En revanche, cette idée de patrimoine est particulièrement problématique lorsqu'on pense au patrimoine d'entreprise ou d'organisation, puisque seules les personnalités ont un patrimoine. Les auteurs, pour le reste des cas, parlent d'une "Mesure des biens", sans expliquer exactement ce qu'ils entendent par là.

La théorie moderne ou de l'affectation patrimoniale

Aussi connue sous le nom de théorie objectiviste, théorie finaliste ou théorie allemande, elle a été proposée par les juristes allemands Alois von Brinz (1820-1887) et Ernst Immanuel Bekker (1785-1871), qui s'opposent aux considérations de l'avocat français Marcel Planiol (1853 -1931) concernant le patrimoine collectif. Cette théorie a ensuite été reprise par le Code civil allemand en 1900 et celui de la Suisse en 1907.

La théorie objectiviste aspire à s'écarter de la théorie classique du patrimoine, puisqu'elle propose l'idée que le patrimoine ne nécessite pas nécessairement qu'une personne existe.

Au contraire, elle affirme que le patrimoine peut parfaitement exister sans propriétaire, puisque l'idée même de patrimoine se nourrit de l'affectation qu'il fait des biens qui le composent, c'est-à-dire que ce qui est central dans le patrimoine est pas la personne mais les objets qui la composent. D'où le nom de cette théorie.

Selon Brinz et Bekker, l'affectation du patrimoine est ce qui permet de tenir ensemble les éléments qui le composent, sans qu'il y ait de propriétaire explicite. Ils appelaient cela « l'héritage de la cession » (Zwechvermogen) ou "actifs objectifs".

Pour les auteurs, le patrimoine doit ainsi être compris comme l'ensemble des relations juridiques qui affectent des biens, des actions et des droits individualisés et déterminés dans le temps et dans l'espace, et qui sont objectivement destinés à une fin économique et juridique. Dans ce dernier cas, la théorie objectiviste s'éloigne également de l'universalité juridique au sens du modèle classique.

Enfin, selon la vision objectiviste, il est impossible que le patrimoine existe sans actifs, et l'option future de les posséder n'est pas prise en compte. Ainsi, il est possible qu'une succession n'appartienne pas à quelqu'un, mais à quelque chose, ce qui facilite les choses lorsqu'il s'agit d'actifs commerciaux.

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